Smartphone France Android Edition : Quivive, application pour lutter contre le harcèlement de rue

Dans un pays où l'insécurité est de pire en pire à chaque jour que dieu fait, certains pensent que la technologie peut améliorer les choses. C'est par exemple le cas de l'application Quivive disponible sur iOS et sur Android. Quivive-app permet à ses utilisateurs de produire un témoignage sur les situations d’incivilité verbales et leur impunité, en contexte public, privé ou professionnel (salariés itinérants ou en contact avec le public), afin d’améliorer la qualité de vie de chacun. Ces paroles injurieuses ou déplacées n’ont pas la même gravité que des actes physiques, pourtant, il se cache la même malveillance. La banalisation des faits et cette situation d’impunité favorise la récidive des violences verbales ou physiques, menant souvent à des faits plus graves. Si sur le papier la démarche est louable, quand on creuse un peu le sujet, certaines choses nous choquent réellement.

En premier lieu seuls les hommes sont considérés par les concepteurs de l'application comme les agresseurs et seules les femmes comme des victimes potentielles. Une situation totalement assumée car pour les créateurs de ce logiciel, "100 % des femmes qui utilisent les transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle.". Quitte à déplaire à certaines, tous les hommes ne sont pas des agresseurs et les femmes ne sont pas les seules victimes potentielles. De nos jours, nous sommes malheureusement tous devenus des victimes potentielles dans certains lieux et à certaines heures.

En second lieu, même si l'objectif est louable, il est totalement interdit d'enregistrer les gens à leurs insu dans les lieux privés comme à l'école ou durant certaines activités périscolaires comme le suggère le site de l'application. Dans ces lieux, c'est même l'utilisation d'un smartphone qui est totalement interdite. Lutter contre le harcèlement est une noble cause, mais le faire en employant des moyens illégaux l'est beaucoup moins. Pour la rue l'application pourrait être utile mais combien se font justement agresser dans la rue pour se faire voler leur smartphone ? Pas certain que le voleur veuille bien vous envoyer par courriel les preuves sonores de son agression.

Pour terminer, ce qui nous choque le plus est le modèle économique de l'application. S'il est évident que tout travail mérite salaire, l'application n'est jamais vraiment gratuite contrairement à ce qu'elle affiche. En effet si vous en avez réellement besoin, c'est à dire récupérer l'enregistrement vocal d'une agression afin de l'envoyer à un tiers, il vous faudra dépenser 10 Euros ! Seule l'écoute sur l'appareil lui-même est possible. Pour envoyer les enregistrements sans surcoût, il faut souscrire à l'abonnement mensuel de 3 Euros par mois. Une situation qui nous semble totalement honteuse pour un produit qui se présente comme l'ange gardien de votre quotidien. Quelqu'un a déjà vu "Joséphine Ange Gardien" faire payer ses services ?

Une application que nous ne pouvons malheureusement pas vous recommander, rien que pour le sexisme qu'elle véhicule. Vraiment dommage car l'idée de base était pourtant bonne.